Le trépas du poète : Son râle sera de rimes !

Ce n’est pas ainsi qu’Emerald imaginait rédiger son ultime récit.
Privé d’un bras, un œil crevé et l’autre cramoisi ;
Une flèche dans l’abdomen, un poignard dans le cœur ;
Il eut déjà écrit en de meilleures faveurs.

Mais qu’importe le cadre, qu’importe la douleur ;
Qu’importe l’artiste, qu’importe le tableau ;
Le poète a ce devoir, a cet honneur ;
D’y mettre le dernier coup de pinceau.

Or,fi d'un imminent râle d’agonie ;
Emerald. D. Winter, virtuose canaille des batailles ;
Se demanda soudain, comment de ses funérailles…
Il pourrait rédiger le poème d’une vie.

Car comment faire ? Comme enfer !
Comment traduire l’espace d’un vers,
Les méandres du vécut ?!

A quoi bon dresser mes vertus ?!
Que dire de mon vivant, de mes tourments ?
De ma quête, de son achèvement ?!

Rien ! Point de fables, point d’affables ;
Pour conter l’existence de ce cher Emeraude !
Rien !! Point de rois, point d’étable ;

Pour célébrer mon funeste exode.
Que retenir ?! Que maudire ?!

D’une vie sans désirs.
Que murmurer ? Que susurrer ?

Que dire ? Qu’écrire ?
D’une fin à ourdir.

Mon papier sera mon sarcophage ;

Mon sang sera mon encre.

Mon poème sera mon naufrage ;

Ma plume sera mon ancre.